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Le carmel en 2022.
Parler du carmel de Floreffe aujourd’hui est assez simple : il
s’agit d’une communauté (11 Sœurs) qui accepte ses limites mais dont l’esprit
de foi reconnaît la valeur d’une vie vécue dans l’offrande et la prière
continuelle, et désire la continuer autant que possible dans l’esprit du
carmel, avec des aides appropriées.
Nous sommes en train d’intégrer une structure de Sœurs
actives, congrégation diocésaine fondée au 18e siècle : les Sœurs de la charité
de Namur.
Nous pensions étaler ce déménagement sur deux ans et demi,
mais lorsque nous avons appris qu’un étage était libre, nous avons discerné que
la solution était providentielle pour demeurer ensemble ; il nous fut alors
demandé que cinq Sœurs au moins habitent l’étage. Les deux Sœurs présentes dans
la maison ont déménagé et un petit groupe de trois est allé les rejoindre en
novembre, complété par Sr Jeannine et Sr Marcelle début mars. Nous pensons être
au complet dès que possible dans le courant de l’année.
Le grand avantage de cette solution est que nous restons dans
une ambiance de communauté. Le bâtiment, qui date de 2004 peut abriter
cinquante religieuses. L’horaire de la maison comprend les Laudes,
l’Eucharistie et les Vêpres, le repas de midi en commun au réfectoire. Outre
une chambre spacieuse, avec salle d’eau individuelle, nous bénéficions d’une
grande pièce pour les offices que nous voulons ajouter, les rencontres et les
repas du matin et du soir.
Voilà pour le présent et le proche avenir que Dieu veut
bientôt nous donner !
Historique
Pour celles qui ne connaissent pas l’histoire du carmel de
Floreffe, je vais essayer de la résumer en relevant comment nos devancières ont
vécu depuis un peu plus de 160 ans.
Fondé par Lyon en 1860, le carmel de Montélimar comptait une
pionnière de choix en la personne de Sr Thérèse Charayron. Celle-ci travailla
-entre autres- à faire revenir nos Pères
Carmes, et fit même le voyage à Rome pour demander comment se placer sous
l’obédience des Pères. Le premier monastère de Montélimar, à peine fondé, fut
donné à une communauté de Pères en 1869.
Chassées par les lois antireligieuses de 1901, après un court
séjour en Suisse, la communauté s’orienta vers Floreffe, sans doute grâce au
Père Godefroid Madelaine alors à Leffe, Abbaye de Prémontrés comme l’était celle de Floreffe
dès le vivant de St Norbert.
Floreffe est un village situé à 10 km du centre de Namur,
paisible et convivial, doté de quelques manufactures et aujourd’hui plutôt
résidentiel. Il compte près de 8000 habitants.
Après deux ans de location dans le bas du village, un terrain
fut acheté et, grâce à la bienveillance d’un prêtre, l’Abbé Camille Sorée, considéré lui aussi comme « fondateur », le beau monastère que nous habitons fut
construit et inauguré le 7 novembre 1908.
La vie frugale, laborieuse et priante était soutenue par
différentes personnalités religieuses.
En 1914, les Sœurs abritèrent 80 personnes chassées de leur
village par les Allemands, malgré la récente ruine de leur patrimoine
financier. Ce fut alors qu’arrivèrent les premières vocations belges. La
situation financière exigeait qu’on trouve un travail plus rentable. C’est
ainsi qu’on abandonna progressivement la réalisation de magnifiques broderies
au profit de la fabrication des hosties, que nous avons cessée en 2018.
Le courage de nos Sœurs était grand en cette période de
pauvreté. Des travaux de terrassement furent exécutés par les Sœurs elles-mêmes
: aménagement du jardin en pente, construction de deux terrasses, de deux serres, des poulaillers. Malgré cela, une
bibliothèque bien fournie pour l’époque témoigne d’une certaine acuité
spirituelle et intellectuelle.
Deux Sœurs partirent en mission au milieu du XXe siècle :
l’une à Singapour et l’autre à Bangkok.
L’aggiornamento de l’après-concile se fit de manière
douloureuse et avec des tensions, jusqu’à ce que la personnalité charismatique
et joyeuse de Mère Marie-Cécile (Madeleine Michel) fasse l’unité en suscitant
un dialogue communautaire chaleureux et sincère.
Ce moment fut favorable à l’échange des idées, aux expériences
toujours nourries par la réflexion et évaluées par la suite. La formation
intellectuelle et spirituelle fut favorisée par la participation à des
sessions, au carmel ou d’autres formations liturgiques, notamment sous l’égide
du Père André Gouzes, sessions diocésaines, sessions organisées par l’union des
religieuses contemplatives, dans notre fédération ou dans notre propre carmel,
etc. Des Sœurs de communauté se sont investies également dans des groupes
: Lectio Divina, et plus récemment le
groupe « Cana » créé pour soutenir les Sœurs professes dans leur cheminement
carmélitain.
Le vécu du carmel de Floreffe se caractérise aussi ces
dernières années par une ouverture à des retraitants, des groupes divers
accueillis à la chapelle, et des jeunes en retraite de terminale- cette
dernière activité ne nous prenant que trois à six jours par an.
Le tournant que nous allons vivre nous donnera la grâce de
vivre l’essentiel, dans un milieu où déjà, la présence et le sourire des
carmélites sont fort appréciés.