Profession solennelle de sr Sandra Constance
le 17 juillet 2015
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PROFESSION
SOLENNELLE de SR. SANDRA CONSTANCE
CARMEL
ARGENTEUIL – 17/ 7/ 2015
INTRODUCTION
Bienvenue
à vous tous dans cette célébration eucharistique avec une profession
solennelle, devenue plutôt exceptionnelle dans notre pays aujourd’hui.
Sr.
Sandra-Constance, vous aimez la spiritualité carmélitaine, et spécialement
aussi celle qui a été vécue par les seize Carmélites de Compiègne pendant la
Révolution Française. Elles ont rendu leur beau témoignage de foi sur la place
de la Nation, exactement un 17 juillet - comme aujourd’hui - de l’année 1794.
Comme
Martyres à l’échafaud, elles incarnent la vocation chrétienne et la suite du
Christ dans sa radicalité. Votre profession solennelle indique alors pour nous votre
désir sincère de suivre de tout près Jésus Crucifié et ressuscité dans l’Ordre
du Carmel. Cette profession marque non seulement pour vous un achèvement
valeureux d’une période de probation, une certitude, mais aussi un défi nouveau dynamisant
: parce que chaque jour maintenant vous recevrez la grâce de mettre votre
profession en acte et de l’approfondir dans votre vie.
HOMELIE
Sr. Sandra-Constance a eu le bonheur spirituel
d’être née un dimanche de Pentecôte et à être baptisée le 16 juillet 1972 en la
fête de Notre Dame du Mont Carmel. Depuis sa toute petite enfance, elle aimait
la beauté silencieuse et le mystère attirant de la nature et des animaux. Elle
fut aussi très doué pour le travail patient de créer et enfiler des colliers de
perles dans la bijouterie de ses parents et grand parents. Dans ce dessein,
elle a fait - avec très bon résultat - des études supérieures en
fabrication-création Bijouterie à Namur.
Mais … mais Jésus avait pour elle quand
même un autre avenir : Il l’a appelé au Carmel. Lui est devenu pour elle
alors la grande perle précieuse dont l’Evangile nous parle et que Sr.
Sandra-Constance a recherché et trouvé dans sa vie. Ainsi elle vit au Carmel
pour donner à Jésus dans le Château Intérieur de son cœur tout son amour. Et il
faut le dire: au Carmel, elle a échangé les perles contre des grains de
chapelets. Sr. Sandra-Constance continue donc à enfiler... oui, mais non pas
des colliers, mais des chapelets et des dizainiers. Ainsi la Sainte Vierge
Marie et son Fils Jésus ont leur beau sourire!
Sr. Sandra-Constance, les seize Carmélites
de Compiègne, comme Martyres, incarnent la vocation chrétienne et la suite du
Christ dans sa radicalité. Comme communauté, elles sont une expression
lumineuse du « petit collège du Christ »
tel que le concevait Thérèse de Jésus : rassemblées « dans la dépendance de Jésus Christ », « méditant jour et nuit la
Parole du Seigneur et veillant dans la prière » avec Marie, Mère de Jésus, « fidèles à la communion fraternelle »
et « se prévenant d'égards mutuels », «
portant les fardeaux les unes des autres » y compris les difficultés de
caractère; différentes par l'âge, la condition sociale, la personnalité, la
culture... Somme toute, une communauté ordinaire, pas plus idéale humainement
qu'aucune des communautés de carmélites : toutes peuvent se reconnaître en
elle.
Dans cette fidélité très humble, très
quotidienne, a pu résonner avec la plus grande force l'appel apostolique de
sainte Thérèse : « En ce temps-là, j'appris les malheurs de la France... je
me sentais capable de donner mille fois ma vie pour sauver une des nombreuses
âmes qui se perdaient là-bas... je me décidai à faire le tout petit peu qui
était à ma portée ». Elles n'avaient qu'une vie à offrir (multipliée par
16). Librement, simplement, sans ostentation ni exaltation, elles l'ont
donnée. Leur chant limpide en gravissant les marches de l'échafaud était bien
l'expression de la pureté de leur amour de Jésus. La foule qui était là ne s’y
est pas trompée, qui a été saisie par le mystère.
Ces sœurs aînées, si humaines et si
proches malgré les deux siècles qui nous séparent, nous rappellent que, si le
martyre du sang est « une grâce éminente
réservée à quelques-uns » (Lumen Gentium 42), le martyre de l'Amour lui,
est à notre portée.
La fécondité de cette vie carmélitaine
cachée pour l'Église ne peut se comprendre que dans la foi; c'est dans l'unité
du Corps du Christ, que nous percevons la solidarité de tous les enfants de
Dieu; c'est dans ce Corps du Christ que la charité vécue par l'un profite à la
vie de tout le Corps, par-delà les limites de l'espace et du temps. Thérèse d’Avila
l'exprime tout à la fin du livre des Demeures, lorsqu'à propos de la vie
d'union à Dieu, elle décrit la mission de ses sœurs. Les carmélites doivent
collaborer à l’œuvre du salut par la qualité de leur vie de prière et de leur
charité fraternelle. L'amour des autres sœurs de la communauté doit les aider à
servir le Seigneur dans la prière avec plus d'ardeur.
La vie commune vécue dans la charité
est inséparable du don de soi dans la prière. La vocation si personnelle et
solitaire de la carmélite est indissociablement profondément communautaire. Nous
retrouvons cette conviction dans la démarche de la Prieure Thérèse de Saint
Augustin. Voyant les malheurs de la France ravagée par la révolution, elle ne
se contente pas de redoubler de ferveur dans sa vie personnelle de carmélite. Mme
Philippe, témoin de cette période, écrit à propos de cette Prieure: « Elle se plaisait à nous remettre souvent
devant les yeux le but que s'était proposé notre Sainte Mère Thérèse dans sa
réforme. Et elle nous avoua un jour, qu'ayant fait sa méditation sur ce sujet,
il lui était venu à la pensée, de faire un acte de consécration ».
C'est avec toute sa communauté qu'elle
a le désir de le faire. C'est en effet le caractère communautaire de ce
martyre qui lui donne une force étonnante. La charité voulue par sainte Thérèse
entre les sœurs et vécue pour l'Église, s'exprimait déjà à travers la mise à
l’écart dans un monastère, qui lie étroitement les carmélites dans cet espace privé.
Celle-ci souligne la dimension contemplative et fraternelle de la vie des
carmélites. Cette « communauté de
destin » a conduit les Carmélites de Compiègne à vivre leur solidarité
dans le Christ jusque sur l'échafaud et à accomplir ainsi dans le Christ leur
Pâque définitive.
Elles sont ainsi pour nous aujourd'hui
un témoignage bouleversant de cette communion vécue dans la suite de Jésus.
Elles rappellent à chaque chrétien que nul ne fait son salut tout seul et nul
ne travaille seul au salut de ses frères et sœurs. Là où le Seigneur nous
appelle à être signes de communion dans l'Église et pour le monde, les
solidarités ainsi créées doivent nous engager à une grande fidélité. Nous
sommes appelés à être signes de l'amour du Christ. Que l'Esprit nous fasse
redécouvrir aujourd'hui cet appel à la fidélité de l'amour, à la communion dans
le Christ qui constitue la mission la plus haute de l'Église pour le salut du
monde !
Le lien de cet amour
avec l’expression ultime du don de soi, ne peut être que le fruit de l'amour du
Crucifié. Lui seul nous donne la force de vaincre la peur et de nous risquer à
sa suite. A nous de désirer, à la suite des 16 Carmélites de Compiègne,
reconnaître et accueillir avec courage le choix pour l'amour du Christ et de
l'Église à chaque étape de notre marche.
Que la vie de Sr.
Sandra-Constance, mais aussi notre vie chrétienne, à l'exemple de sainte
Thérèse et de ses bienheureuses filles de Compiègne, soient un témoignage
vivant rendu en Église à la fidélité d'un amour qui ne se reprend pas !
Père
Piet HOORNAERT, ocd
« Viens et suis moi »
Ce 17 juillet 2015 en la fête des 16 Bienheureuses Carmélites de Compiègne je me suis engagée pour toujours dans l’Ordre du Carmel au cours de l’Eucharistie présidée par Père Piet HOORNAERT OCD.
La vie religieuse au carmel est un don de Dieu qui se renouvelle chaque jour, oui c’est chaque jour que le Seigneur me donne la grâce de mettre ma profession en acte et de l’approfondir dans ma vie de carmélite en allant de commencements en commencements. C’est Lui qui me donne la force de me risquer à sa suite.
Un tout grand merci à ceux et celles qui étaient en communion avec nous pendant cette journée, merci aussi pour toutes vos attentions fraternelles et amicales qui m’ont profondément touchée. Je pense également à tous ceux qui m’ont aidée à répondre à l’appel du Seigneur.
Je compte sur votre prière pour le chemin que je ferai désormais à la suite du Christ.